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"Le lys de Brooklyn", Betty Smith entre Zola et Hugo!

Bonjour à tous!

Je vous parle aujourd'hui d'un livre d'une nouvelle sorte: de la littérature américaine!

Vous avez hâte? Moi aussi.

Sur ce, voici donc "Le Lys de Brooklyn", de son vrai nom "A Tree Grows in Brooklyn", de Betty Smith...

0. En gros

  1. Auteur: Betty Smith

  2. Editeur: 10/18 (pour ma part)

  3. Date de parution: 1943 aux Etats-Unis, 1946 en France

  4. Nombre de pages: 695

  1. 1. Résumé

  2. Comme le titre l'indique, l'histoire se déroule à Brooklyn, au XXème siècle, dans les quartiers pauvres où vivre n'est pas tous les jours évident.

Francie a neuf ans, et son frère Neeley un de moins. Ils sont entourés d'une famille à l'histoire compliquée qui ne la rend que plus merveilleuse encore. De son héros de père Johnny, à sa magicienne de mère Katie, en passant par ses tantes, Sissy qui enchaîne les John, et la douce et drôle Evy, ce sont eux qui rendent au quotidien la misère et le manque d'argent moins insupportable.

Francie, écolière, est une enfant brillante qui ne demande qu'à apprendre, mais surtout qui aime écrire. Mais son intelligence cache aussi une grande lucidité; ainsi, ce n'est pour elle pas un secret que sa mère préfère son frère à elle. Et, lorsque son père Johnny mourra quelques années plus tard, il ne lui est pas difficile de deviner qu'il est décédé de son alcoolisme chronique...

A l'arrivée de ce terrible moment, il leur faut vivre à quatre, dont un nourrisson, avec le maigre salaire de femme de ménage de Katie. Francie et Neeley devront quitter l'école pour aller travailler et subvenir aux besoins de tous... En attendant avec patience qu'une bonne étoile leur vienne en aide.

2. Mon avis

C'est un roman que j'ai adoré. Pour une fois, c'est clair. Et en plus, cette fois je sais pourquoi!

Je vous explique.

La première raison, ce sont les personnages. Ils sont tellement rendus vivants par le portrait qu'en fait l'auteure, que le contraste entre chacun est évident; on ne peut pas en confondre un avec un autre. Si j'en ai aimé certains moins que d'autres, ils sont tous aussi attachants les uns que les autres. Avec chacun, autant de qualités que de défauts, ce qui les rend également d'autant plus vivants.

Mon personnage préféré reste néanmoins Francie, la personnage principale. Je la trouve forte, déterminée, révoltée, mais aussi rêveuse et douce. J'ai adoré la voir évoluer au fil des pages, la voir grandir, et passer cette phase compliquée qu'est l'adolescence. J'ai pu, de nombreuses fois, m'identifier à elle... Tout en me disant que ma vie était bien facile à côté de la sienne!

J'ai aussi remarqué qu'il n'y avait pas de personnage méchant dans ce roman! Certains, j'en conçois, avec des manières quelque peu désagréables, mais aucun avec des intentions réellement mauvaises.

Je pense que ce choix de l'auteure (de ne mettre aucun personnage vraiment méchant) a pour but de faire ressortir encore le fait que les problèmes que vont rencontrer les personnages ne viennent que de la société. Et que les gens qui agissent de manière défavorable envers la famille de Francie ne le font que parce que leur fonction, la société ou tout simplement les meurs les y contraignent.

Ce qui m’amène à mon deuxième point:

Ce roman était le premier "classique" de la littérature américaine que je lisais. Et je me suis rendue compte que c'était très similaire à la notre, en fait! Ce livre décrit la vie dans le Brooklyn sale, pauvre, bref, dans une condition, une classe sociale. A l'instar de Emile Zola ou, de manière plus engagée, de Victor Hugo. Il témoigne plus qu'il ne dénonce, mais quelques passages sont très clairs sur les sentiments de l'auteure à l'égard de certaines habitudes de la société. J'oserai presque dire que j'ai préféré ce roman à l'Assommoir (de Zola, voir mon article dessus). La seule différence (mais qui change tout) avec un Zola, c'est que ce roman ne considère pas que misère = malheur... Bien au contraire! Il y a aussi un côté plus romancé que j'ai trouvé très à propos; il casse les codes du roman "vraiment très loin de la vraie vie", tout en nous réservant deux-trois passages pas très réalistes et un happy end bien sympa... En gros, nous avons ici le parfait dosage entre la vraie vie qui peint la classe sociale et le milieu de vie dans Brooklyn au XXème siècle, opposée à une fin heureuse et un côté "gentille petite famille" du début très chouette et très... Gentil, justement.

La dernière chose que j'ai aimée, ce sont tous les rebondissements de l'histoire, tous les problèmes rencontrés par les Nolan (la famille de Francie). Car bien qu'étant témoin d'une époque, ce livre reste une fiction, un roman. Et, aussi sadique ça paraisse, un bon roman n'est rien sans de grosses emmerdes (pardonnez moi, mais je n'ai rien trouvé de plus juste...) pour le personnage principal. Sur ce plan, je vous laisse le suspens, mais je vous assure que vous ne serez pas déçus...

3. Extraits

"Dans un récit, on était forcé d'expliquer pourquoi les gens étaient comme ils étaient, tandis que, dans le dialogue, on n'avait pas à se soucier de cela, vu que ce que les gens disaient suffisait à les définir, à expliquer leur caractère. Francie n'aurait donc aucune peine à vendre ses services comme écrivain de dialogues. Une fois de plus elle changea d'avis sur la question de savoir quelle carrière elle choisirait. Elle décida qu'après tout elle ne serait pas actrice. Elle serait auteur dramatique."

Cet extrait, passage clé, est le moment où Francie trouva sa vocation. Il est essentiel, car la suite du roman mentionnera très souvent ses écrits et l'évolution de sa plume en même temps que d'elle-même.

"Une légende avait cours, dans le quartier, d'après laquelle les trois voeux qu'on faisait le jour de sa confirmation se réalisaient à coup sûr. Le premier devait être un souhait irréalisable; le deuxième, un souhait que l'on pouvait réaliser soi-même; le dernier, un voeu pour plus tard, quand on serait grand."

Voilà pourquoi j'aime ce livre; pour les meurs, les petites habitudes, les légendes qui me sont inconnues et que je découvre en même temps que l'histoire.

"Elle sortit de la première leçon de chimie dans un état de ravissement ébloui. [...] Et elle se demandait, intriguée: "Pourquoi les savants ne font-ils pas de la chimie une religion?""

Ce passage témoigne, une fois encore, de la classe sociale de l'époque. Francie, qui prend pour la première fois des cours à l'université, a dû se battre et beaucoup économiser pour pouvoir y entrer. Preuve que ce que, aujourd'hui, beaucoup de monde trouve normal, était à l'époque dans certaines classes sociale exceptionnel.

Vous pourrez remarquer que je n'ai pas parlé de la plume de l'auteure, contrairement à mon habitude. C'est bien simple; ce livre étant traduit de l'américain, et ne l'ayant pas lu en américain, je parlerai d'une traduction et non de la syntaxe originelle... Aucun intérêt, quoi.

4. Conclusion:

Je conseille ce livre à tous ceux qui ont lu (et aimé) Zola et Hugo. C'est pile entre les deux! Cela témoigne comme Zola, sans le côté sombre, noir, funèbre, mais ça considère la misère comme Hugo, sans prendre d'engagement (ce n'est pas de la littérature engagée)... Un régal, quoi!

A bientôt!

Manon

PS: J'ai oublié de vous en parler, mais le blog a fêté sa première année vendredi dernier! Alors, toi qui me lit régulièrement, bon anniversaire! ;)


Bienvenue dans le palais de la lecture!

Moi, Manon...

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