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Mes créations #4: lettre de poilu

Bonjour à tous!

Je vous retrouve aujourd'hui pour vous présenter une nouvelle fois l'une de mes créations. Il s'agit d'une expression écrite, en français (évidemment). Le sujet était: "écrivez une lettre à un proche tel un poilu des tranchées". Voici mon texte, corrigé (l'original m'a valu 19/20).

Le 4 Avril 1915, 2 heures du matin, Verdun

Ma chère Madeleine,

Assis au fond d'un boyau sombre, dans les ténèbres de la nuit, la flamme vacillante de ma bougie m'éclaire lorsque je couche mes mots sur le papier. Nous sommes le 4 Avril 1915, il est deux heures du matin, et je sens à chaque minute la cruelle et terrifiante mort s'approcher. Quatre jours durant, sous une pluie incessante d'obus, de missiles, de canonnades, pendant ces quatre jours d'horreur, tu as occupé la moindre de mes pensées.

Combien de fois ai-je regretté de ne pas t'avoir écrit tout mon amour une dernière fois! Sans doute était-ce une précaution, une pensée pour me dire que je ne pourrais partir sans t'avoir dit adieu.

Nous sommes entrés sur le champ de bataille il y a quatre jours, le 1er Avril. Tu parles d'une plaisanterie! Nous étions encore gais et fiers, à cet instant-là.

Puis vint le moment de passer en première ligne. Les tirs étaient assourdissants. Chaque coup résonnait dans ma poitrine, comme le brigadier frappant le début d'une pièce de théâtre.

Le théâtre... Parlons-en. Une fois dessus, je restais quelques instants à observer avec horreur ce spectacle macabre et désolant: une étendue de terre, de boue et de sang mêlés, façonnée de trous de bébés.

Mais, pire que tout, ces cadavres jonchant chaque mètre carré du champ de bataille. Des centaines, des milliers étalés sous nos yeux, comme un appel indécent de la mort, nous invitant à céder à la peur et à nous écrouler à leurs côtés.

Une fois les artilleurs boches armées, nous pour cibles, je vis impuissant les soldats de mon régiment tomber par dizaines comme des mouches. Les premiers instants passés, il nous fallut ramper dans la boue, au milieu des corps inertes et mutilés de nos camarades tombés la veille.

Quatre jours d'horreur ont suffit pour que l'odeur de la mort ne ma quitte plus.

Et, lorsque nous décidâmes enfin, au soulagement collectif, de nous replier pour nous abriter en première ligne, le chemin me parut interminable.

J'étais persuadé que je succomberai à la dernière balle lancée.

Mais, si mon corps est encore indemne, mon esprit est mort à jamais dans ce no man's land.

Dans quelques heures, quand il me faudra souffler ma bougie, je revêtrais mon barda**, et je retournerais dans ce lieu d'atrocité et de haine.

Dans ce lieu de mort.

Ma chère Madeleine, je ne m'en sortirais pas. Car, même survivant, même après être retourné à l'arrière, il me faudra y aller encore. Je ne veux pas connaître à nouveau l'ennui et le froid, la peur et l'attente insoutenable de la mort, sans avoir la certitude que je te reverrai un jour.

Et, quand bien même je rentrerai chez nous, je ne serais jamais plus qu'un homme ravagé par les horreurs de la guerre.

Je pars à présent serein, et fier de mourir pour ma patrie.

Je t'aime de tout mon coeur, d'un amour passionné et sincère.

Adieu, mon amour,

Maurice


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Moi, Manon...

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